FARDEAUX
Écrire pour ne pas sombrer croire au miracle à la vertu des mots la plume en bouée de sauvetage? Porter leur exigence comme un chapeau et finir par faire sa révérence… La tête dans son scaphandre sans aucune certitude de ne point voir la bulle se fendre, prendre le large, voyager sur la vague de ses mots pour contenir la tempête, se doper dans l’illusion du narratif les tripes à vif ? Un être vous brise et tout est à reconstruire… Le faux semblant collé à tout revêtement…
Fuir dans l’écriture, tombe ouverte, pour se sauver, modeler sa bulle…
La haine en héritage, berceau chaotique, enfance ratatinée, espérance en croyance…
Fuir fuir le fardeau…
Se donner l’apparence du bonheur quand les croûtes des saignements laissent percevoir encore la fatale répétition : «puisque tu m’aimes tu dois souffrir » et le « je le fais pour te faire du mal… »
Mal mal…
De quel droit ?
Sur ta croix femelle pestiférée, être impure, indigne de loi de foi de droit prends les coups, coupable de tout, Eve éternelle damnée pour l’éternité, victime toute ta vie… et tais toi !
Être aimée pour soi en voilà une grande revendication et non pas être « aimée » parce qu’on est un service un accès : refuser d’être cette courtisane cette courroie de transmission, d’être l’effacée la torturée – les harceleurs sont légions – âme corps espoir annihilés – refuser de se faire broyer le cerveau sortir de sa condition de femelle scellée le jour de sa venue au monde… Monde où il faut toujours se battre pour avoir un espace pour respirer, monde où notre combat de femme pour sortir du destin dans lequel des êtres nous ont placées est une nécessité : l’amour ne peut que rendre libre, sinon ce n’est pas de l’amour… L’amour n’est pas prison… sans oublier qu’il n’y a pire fardeau que celui qu’on s’impose !