Laïcité30
Afghanistan : Les talibans vont imposer leurs règles liberticides aux femmes. J’espère que Jean-Yves Le Drian trouvera celles-ci assez inclusives…
L’Association révolutionnaire des femmes d’Afghanistan a publié mardi une liste des interdictions auxquelles les femmes seront confrontées sous le nouveau gouvernement, énumérant pas moins de 29 règles auxquelles elles seront soumises, allant de la flagellation et de la lapidation à l’interdiction de rire à haute voix.
Par Bouziane Ahmed Khodja
Il ne s’agit pas d´une fiction. Mais bien d’une réalité, celle de la vie des millions d’Afghanes, désormais régie par une véritable plurivocité de Lois archaïques imbibées dans la violence et le châtiment. L’intelligibilité de cette situation pour l’Occident renvoie à l´horreur et à l’intensité de la force dans son usage illégitime par les talibans à l´endroit de ces femmes bien souvent vulnérables.
Le chaos a un nom en Afghanistan : « Les Talibans ». Leur surprenante prise du pouvoir laisse présager un scénario très compliqué pour la société civile, mais surtout pour les femmes. L’extrémisme taliban a les femmes et leur liberté en ligne de mire. À tel point qu’avant même leur arrivée à Kaboul, les images « occidentalisées » ou toute référence à l´Occident, ont commencé à être dissimulées. Une véritable persécution s´organise sous les yeux d’un monde ne sachant quoi faire face à l´exode rampant du radicalisme des talibans.
L’application de la Charia par le gouvernement taliban lorsqu’il dirigeait l’Afghanistan entre 1996 et 2001 était très stricte et radicale. L’un des groupes les plus touchés est, sans aucun doute, celui des femmes, qui se voyaient refuser le droit de travailler, d’aller à l’école ou de quitter leur domicile à moins d’être accompagnées d’un homme.
L’Association révolutionnaire des femmes d’Afghanistan a publié mardi une liste des interdictions auxquelles les femmes seront confrontées sous le nouveau gouvernement, énumérant pas moins de 29 règles auxquelles elles seront soumises, allant de la flagellation et de la lapidation à l’interdiction de rire à haute voix. Dont voici le contenu exhaustif :
Interdiction totale du travail des femmes en dehors de leur foyer. Seules quelques femmes médecins et infirmières sont autorisées à travailler dans certains hôpitaux de Kaboul.
Interdiction totale de tout type d’activité pour les femmes en dehors du foyer, à moins qu’elles ne soient accompagnées de leur « mahram » (proche parent masculin tel que le père, le frère ou le mari).
Interdiction de faire des affaires avec des marchands hommes.
Interdiction d’être traitée par des médecins hommes.
Interdiction d’étudier dans les écoles, les universités ou tout autre établissement d’enseignement (les Talibans ont transformé les écoles de filles en séminaires religieux).
Les femmes doivent porter la burqa, qui les couvre de la tête aux pieds.
Fouets, passages à tabac et agressions verbales contre les femmes qui ne s’habillent pas selon les règles des Talibans ou contre les femmes qui ne sont pas accompagnées de leur « mahram ».
Bastonnade publique des femmes qui ne cachent pas leurs chevilles.
Lapidation publique des femmes accusées d’avoir eu des relations sexuelles hors mariage.
Interdiction de l’usage des produits de beauté et du maquillage.
Interdiction de parler à un homme ou de lui serrer la main, autre que son « mahram ».
Interdiction de rire aux éclats.
Interdiction de porter des talons hauts, qui peuvent produire un son lors de la marche (un homme ne doit pas entendre les pas d’une femme).
Interdiction de prendre un taxi sans son « mahram ».
Interdiction d’être sur les plateaux de télévision ou les studios de la radio, ou dans des rassemblements publics de quelque nature que ce soit.
Interdiction de pratiquer un sport ou d’entrer dans un centre sportif ou un club de sport.
Interdiction de circuler à bicyclette ou à moto, même avec son « mahram ».
Interdiction de porter des vêtements de couleur vive. En termes talibans, il s’agit de « couleurs sexuellement attractives ».
Interdiction des rassemblements à des fins festives ou récréatives.
Interdiction de laver le linge dans les rivières ou sur les places publiques.
Modification de toute nomenclature de rues et de places comportant le mot « femme ».
interdiction faite aux femmes de se pencher sur les balcons de leurs appartements ou maisons.
Opacification obligatoire de toutes les fenêtres, afin que les femmes ne soient pas visibles de l’extérieur de leur maison.
Interdiction pour les tailleurs de prendre les mesures des femmes et de coudre des vêtements pour femmes.
Interdiction aux femmes d´accéder aux toilettes publiques.
Interdiction pour les femmes et les hommes de voyager dans le même bus. Les bus sont désormais réservés aux seuls hommes, ou aux femmes exclusivement.
Interdiction des pantalons évasés, même s’ils sont portés sous la burqa.
Interdiction de photographier des femmes.
Interdiction de la publication d’images et de photos de femmes dans les magazines et les livres, ou de les accrochées sur les murs des maisons et des magasins.
Toutefois, les Talibans ont déclaré que les femmes ne seront pas interdites de travailler ou d’étudier et que « l’Émirat islamique s’engage à respecter les droits des femmes dans le cadre de la Charia ». Cela signifierait que l’interprétation de la loi islamique serait plus modérée que pendant leur règne il y a deux décennies, ce qui reste à voir, car ces déclarations, font partie d’une opération de toilettage, une propagande visant à obtenir une reconnaissance et éviter des sanctions internationales.
Selon beaucoup d´analystes politiques, la prise de pouvoir des Talibans ne signifie pas un « changement » ou une « menace internationale » il s´agit carrément d´une idéologisation de la politique intérieure du pays selon les règles radicales de l’islam politique. En termes clairs, la création d´un Émirat islamiste radical. Notamment pour les femmes et les jeunes filles qui se retrouvent « dans une situation très difficile ».
Après le retrait des troupes internationales, qui a ramené les insurgés au pouvoir vingt ans plus tard, ce pays, reconnu d´ailleurs par un certain nombre de pays théocratiques ou d´idéologie islamiste, est désormais un territoire où les Talibans, des djihadistes radicaux, agiront « avec une énorme cruauté » car ils vont appliquer la Charia « dans sa version la plus rigide », ce qui affectera la population, en particulier les femmes dans les villes, qui sont plus « occidentalisées et habituées à un autre type de vie ».