Scatologie outrancière
Au pays des rêves bleus, un beau matin à la fraîche de ce joli mois d’avril, où il ne faut pas se découvrir d’un fil, la bourgeoisie se réveilla stupéfaite ! Au beau milieu du parvis de la place de la République, un individu nu, la face sans visage, avait déféqué…
Sur un panneau près de lui était écrit : « Pourquoi se gêner ? » Beaucoup crièrent à l’outrage, à l’imposture, à l’anarchie et même au fascisme ! Beaucoup voulurent -fêlure- déboulonner la statue mais elle était de bronze !…
Des pugilats commencèrent : « C’est de l’art ! criaient ceux qui voulaient protéger l’œuvre.
- C’est de la merde ! » criaient ceux qui voulaient la détruire.
La maréchaussée fut appelée ! Les biles s’échauffaient, les chiens reniflaient la merde…
La maire décida de recouvrir l’œuvre d’une cage en attendant une décision de justice. Ce qui calma tout le monde…
Le lendemain matin, tout frais, tout beau, la bourgeoisie se réveilla somme toute contente quand, surprise, elle découvrit sur le parvis de la place de la République que la cage de rouge était peinte et que sur un autre panneau était écrit : « Qui haine bien spolie bien ! »…
Cette fois la coupe était pleine, la statue et ces deux boulets de caca furent cachés, la cage recouverte d’une toile et le tout entouré de barbelés ! La presse vilipenda l’art caca, incendiant l’auteur de cette mascarade !…
Des clans se créèrent vociférant de ci de là… Au pays des rêves bleus certains faisaient des rêves bruns, la bile était montée…
Cela n’avait que trop duré ! Des barres de fer sortirent de l’ombre mais les patrouilles sans trouille, finirent par se coucher, épuisées…
Le lendemain matin, rien de nouveau sur le parvis de la place de la République, mais sur les panneaux publicitaires géants, avait été collée, une affiche où l’on pouvait voir un océan recouvert de plastique avec cette phrase :
« Et des océans, votre merde, vous la retirez quand? »
Des passants souriaient en disant :
« C’est bien vrai »
D’autres haussaient les épaules, certains disaient :
« On aurait dû se douter que c’était encore un coup de ces écologistes radicalisés ! »
C’est sûr que le caca c’est radical !
Dans la nuit de ce lendemain, la justice était passée, la statue fut enlevée… Des affiches d’une mer merveilleuse furent collées… Les rêves bleus pouvaient perdurer !
Dans une vieille bâtisse, aux jolis volets violets avec des tulipes oranges, vivant un gentil vieillard, entouré de ses chats, de ses chiens, de quelques ânes et des oiseaux sur le bord des bassins faits pour eux… Quand le soleil pointa son nez, il était déjà réveillé et faisait ronfler ses marteaux, des rêves multicolores remplissaient son imagination, armé d’un amour radical pour sa planète bleue…