Faux
Se serrer les coudes
Sur la place du marché, Corikouiette sale ses andouillettes, pimente ses côtelettes et fait râler Riton qui est en passe de rouler sous les tréteaux ! La Bécassine pointe son nez et implore sa bouche chère de lui conter ses nouveautés de derrière ses fourneaux !
Ah les cloches sonnent à l’étal de Corikouiette qui assaisonne tout ce qu’elle a entendu de ci de là sur quelques jupons blancs de dentelle sous robes de saintes patronnesses des foyers du joli village Aux Bois Défoncés ! C’est que Corikouiette n’est pas fille de tenancier de bar pour rien !
« Les Bois Défoncés ? Allons rigole Corikouiette, s’il y a quelque chose de défoncée ici ce n’est pas les bois, mais plutôt les coucouillettes du père Benoît qui ne bénit pas que les âmes de ses ouailles avec son divin crucifix ! et bla bla bla et bla bla bla ».
Un ange passe ! Enfin, le curé de la paroisse qui vient chercher sa noble commande !
« Voilà m’sieur le curé ! Vos belles andouillettes sont toutes bien corsées ! c’est pas pour rien que mon Riton est le meilleur charcutier Aux Bois Défoncés !
-Merci ma chère Corikouiette dit-il, et il a la chance d’être marié à la meilleure mélangeuse d’épices ô sein sainte patronne, j’ai pas de vices ! En regardant sa généreuse devanture d’un oeil sournois, l’autre noyé sous la concupiscence ! ».
Le Riton, rouge comme la vulve de sainte Marie en soir d’accouchement, sort de sous l’étal, la dernière cuvée de l’abbaye du village, en place de Taille, à la main, et approuve le saint homme : « Ça vous l’avez bien dit monsieur le curé ! Mais je veille à ce que sa langue de commère ne crapote point ses bavasseries sur ma cochonnaille !
-Tiens d’ailleurs je ne te vois plus, Corikouiette à confesse, serais-tu devenue vierge de tous péchés ? ».
Riton au bord de l’explosion répond à son curé qu’il a toujours le mot pour rire ! Corikouiette est passée du blanc pâle au jaune citronné et lance un œil noir à l’abbé sans pouvoir bouche fermer : « Si je suis passée vite fait samedi prendre commande et j’ai dû repartir le vomi sur les pieds !
-Ah samedi je me disais bien que je t’avais entre-aperçue ! Aurais-tu vu le diable dans le confessionnal ?
La Bécassine prend sa marchandise et file, le rire coincé entre ses dents : -J’ai une envie pressante ! Marmonne-t-elle.
-Le diable, qu’est ce que vous me chantez là ! Je ne crois pas à toutes vos mascarades et puisque vous êtes si fort, tous les deux, je rends mon tablier et je file chez mon père ! et vous avez de la chance que ma langue de vipère ne clame pas ce qu’elle a vu dans le presbytère !
Le curé passe du rose réjouit au violet crasseux : « Cette enfant est irrécupérable comme son père ! Lance-t-il à la criée ! ».
Vient à passer le maréchal-logis en quête de ses victuailles : « Que se passe-il ici demande l’homme de loi, qui de sa vie, n’avait jamais vu un curé se faire taper dessus à coups d’andouillette !
-ALLONS ALLONS Riton dit le curé, le cuir chevelu assaisonné aux épices, il faut se serrer les coudes !
-Faut faut vous avez tout faux c’est ma Corikouiette qui a la recette de la sauce épicée de mes andouillettes ! Reviens Corikouiette reviens, j’ai pas les même à la maison !
Moralité : Quand tu veux garder bonne farce à la maison donne raison au mirliton !